• Petites lettres et grands espoirs

     

    Alors que je viens d'envoyer un manu-tapuscrit à quelques éditeurs, je m'interroge sur l'espèce de pelote d'émotions que cela génère en moi.

    Au commencement était le Verbe. Ou le nom commun, ou l'adjectif, je ne sais plus trop. A moins que ce n'ait été un pronom personnel, oui, je crois bien que c'était le cas. Même que la première phrase était "Il était une fois". Une histoire de fée un peu bizarre. Un conte à rallonge qui m'a tenu entre ses griffes pendant de longs mois, durant lesquels nous nous sommes jaugés, appréciés, détestés, ignorés, aimés. Il y a eu des pauses plus ou moins longues entre chaque dépose de mots. Et un changement radical de pensée lorsque mes mains m'ont lâchée et que j'ai investi dans un logiciel de reconnaissance vocale pour terminer proprement le texte.

    D'ailleurs, c'est bizarre, ça. On n'écrit pas pareil quand on parle. C'est d'une évidence à s'en faire tomber les bras, mais de l'avoir expérimenté m'en a fait prendre conscience. Ecrire en parlant, c'est prendre le risque de s'écouter, trop sans doute, et de trahir l'esprit de l'histoire. Du coup, quand j'ai pu récupérer une fonction correcte de mes quelques doigts tapeurs, j'ai eu un peu de pain sur ma planche pour remettre de la fluidité dans tout ça.

    Puis il y a eu les finitions, les relectures sans fin, le lustrage de la bête et la chasse aux coquilles. Et malgré ça, on laisse passer des trucs comme "Abracacabra" après l'avoir visionné au moins dix millions de fois... J'ai passé le bébé à des amis, des amis d'amis, la famille, j'ai réparé ce qui devait l'être et modifié quelques incohérences. J'ai simplifié ce qui devait l'être sans perdre de vue la ligne que je m'étais tracée.

    Et un jour, je me suis retrouvée avec un pavé devant moi, avec une mise en page soignée, la raie au milieu et tout ça. Et là, rien. J'ai laissé mariner le bébé dans son jus. Il ne restait pourtant qu'une étape: mettre sous enveloppe et que vogue la galère. Mais non. Il s'est passé un jour, une semaine, un mois. La poussière a commencé à recouvrir le papier. J'ai dit à tout le monde que j'y songeais, que ça allait se faire, mais il y avait quelque chose qui retenait le geste final, une sorte de peur viscérale. Celle du rejet de l'autre. Il m'a fallu encore un peu de temps pour oser couper le cordon qui me rattachait aux mots que j'avais mis au monde, pour me dire que ça y était, ils étaient grands et ils devaient vivre leur vie ailleurs, d'une façon ou d'une autre. Continuer à exister sur  d'autres supports ou terminer au pilon. Me dire que quelque soit le sort qui leur serait réservé, mon esprit serait de nouveau libre pour tenter une nouvelle aventure avec d'autres héros, d'autres sujets, d'autres espaces.

    J'ai appuyé sur le bouton rouge la semaine dernière. Je n'ai plus qu'à ne rien attendre pendant 3 mois, c'est le délai standard. En tout cas, elle était vachement chouette, mon histoire, je me suis amusée comme une folle à l'écrire, et ça, personne ne me l'enlèvera!


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  • L'art des choix

     

    Ce qui est bien, avec les mots, c'est qu'en les déclamant à haute voix, on obtient une toute autre image mentale que celle que la lecture impose. Alors oui, bien sûr, aujourd'hui est le D Day, le grand jour pour nos amis américains qui vont devoir faire un choix éclairé, bla bla bla et bla bla bla.

    La politique, ce n'est pas trop ma tasse de thé. D'ailleurs, en parlant de ce breuvage, on va subrepticement se rapprocher d'un domaine qui a ma faveur, bien que ce soit parfois à mon corps défendant: la gourmandise.

    Présentez... Armes! Chocolat. Beurre. Sucre. Châtaignes. Cacao. Oeufs. Poudre d'amandes. Non, n'en jetez plus! Une couche de mélange oeufs, sucre, beurre, châtaignes; une couche de chocolat, poudre d'amandes, beurre; et on recommence. Finition glaçage au chocolat. Le voilà, mon ardéchois. Il passe bien, trop même. Il se fait envahissant, le bougre, un peu comme l'espèce de matière expansée dans "Tintin et le Lac aux Requins". Je mute en une masse informe, je déborde, j'occupe l'espace. En attendant, c'est normal, je suis d'une nature généreuse... Tant pis. Les scrupules seront pour un autre jour. Pour demain?

    Je n'accepterai de remords que s'ils sont armés d'une fine aiguille, histoire de piquer dans le tas pour le faire dégonfler un peu. Pshittttt! Comme ça, je pourrai recommencer, juste un petit bout, un seul, promis! Celui où la carapace de chocolat est la plus épaisse. C'est un choix mathématique:  elle offrira plus de résistance à mes crocs acérés, et le carnage durera plus longtemps...

    Alors, Obama ou Romney? Chocolat ou châtaignes? Plaisir ou abstinence? Pour vous, je ne sais pas, mais moi, je me refais encore une tranche...


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