• Tiré à quatre épingles

     

    Tiré à quatre épingles

     

    Non, il ne s'agira pas d'établir ici une notice détaillée de la dernière tenue de Lady G., ou du déroulement du défilé automne-hiver 2012 de JPG. D'abord parce que je n'ai rigoureusement aucune idée de la période où celui-ci est sensé avoir lieu, et aussi en raison de ma piètre aptitude à me tenir au courant en matière de mode. Mon credo, c'est plutôt de laisser filer les années sur mes vêtements, toujours les mêmes, et de temps en temps, avoir la surprise d'attraper une tendance et avoir l'illusion -temporaire- d'être dans le ton. Pour une fois. La mode, façon décennale. Furieusement has been mais foutrement économique.

    J'avais plutôt envie de décortiquer l'expression au sens littéral et brutalement terre à terre. Imaginons un corps étendu, peut-être dans son lit, un matin, à l'aube. Les premiers rayons du soleil tentent déjà de forcer le mince espace entre les persiennes, ce qui a pour effet de faire soupirer l'être encore passablement assoupi. Tsssss... Il ouvre les yeux en forçant ses paupières à se décoller l'une de l'autre, à gauche, puis à droite. Prudent, l'individu. Des fois qu'il y laisserait un oeil. Immobile, il attend que les derniers frissons du sommeil s'évaporent, et envoie une injonction à son cerveau pour que celui-ci programme le premier mouvement du jour, celui du bras gauche. Impossible. Une vrille subite se met à le lanciner dans la main, au niveau du petit doigt. Un peu calmé, il tente alors de solliciter sa fesse droite, juste une petite contraction, histoire de se rappeler qu'il a des muscles à cet endroit aussi. En vain. Cette fois, il a l'impression d'avoir une batterie d'étaux en action, lui broyant le bas du dos sans rémission. Et quand, en désespoir de cause, il essaie de soulever ses épaules, il s'aperçoit qu'elles ont été lestées de plusieurs tonnes pendant la nuit. Il doit se rendre à l'évidence: il est cloué au lit,  tiré à quatre épingles par la douleur, qui les a judicieusement placées aux points stratégiques.

    Il arrive néanmoins à se lever et les arrache d'un geste rageur, les envoyant promener un peu plus loin. Il titube, souffrance au poing, et s'habille avec lenteur. Avec les mêmes vêtements qu'il y a dix ans.

     

    Illustration attrapée ici.


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 6 Avril 2012 à 13:37

    Terrible ton histoire,j'ai cru à unAVC!

    2
    Vendredi 6 Avril 2012 à 13:40

    Non, c'est juste l'expression de la souffrance ordinaire, celle qui nous accompagne avec son petit sourire sardonique et collant...   :)

    3
    Dimanche 8 Avril 2012 à 09:56
    Mme de K

    crucifiction ? cruci-fiction ?

    article de saison ;-)

    4
    Dimanche 8 Avril 2012 à 21:52

    L'eusses-tu cru, si fiction?


    Bon, les références religieuses me laissent de marbre, ce qui est assez saisonnier aussi pour être remarqué.


    La bise, Mme de K!

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