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Vital air, ou vite, à l'air?
L'air que l'on respire est de plus en plus étrange. Il transporte de multiples particules invisibles à l'oeil nu, mais non dénuées d'effets sur nous. Nos pauvres organismes n'arrivent plus à traiter ce flot continu d'informations discordantes et disjonctent d'un coup. Les pollens arrivent en rangs serrés et se faufilent dans des narines trop grandes ouvertes après ce long et morne hiver. Et ça coule, ça renifle, ça chatouille, ça picote tous ces petits nez et ces grands yeux qui admirent l'oeuvre du printemps. Lui, il a attendu longtemps et s'est fait désirer, comme pour ménager ses effets, avant d'asséner un grand coup de pinceau sur la nature pour lui redonner sa couleur. Ce Pollock saisonnier ressort ses hordes d'allergènes qui entament de concert l'éternelle bataille rangée avec les mastocytes ennemis.
Les médecins n'en ont cure, ils ressortent du fourreau leurs épées antihistaminiques et font rouler entre les cils les gouttes de collyres apaisants qui permettront à leurs patients de goûter enfin sans gêne aux plaisirs d'une météo redevenue clémente.
Et de tondre, de sarcler, de planter, de désherber, de se planter une pioche dans le pied, de laisser un bout de doigts aux fourmis, de se raper le cuir contre un bitume inhospitalier lors d'une promenade en moto, de jouer à la Belle au Bois dormant en se piquant ou se coupant au verre cassé d'une vaisselle urgente.
Les médecins n'ent on cure, ils ressortent du tiroir la ficelle à rôti et leurs ustensiles de couture, attentifs à réaliser de la dentelle haut de gamme dont les patients garderont à vie un petit souvenir ému.
Ah! Le printemps et ses joies!...
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