• Rebellion

     

    Tap tap tap

    Quel est ce bruit qui frappe à ma tempe ?

    Je ne vois rien, je ne sens rien

    Que cet incessant martèlement assassin

     

    Noir ombre doute

    Mes yeux sont scellés collés englués

    Le rouleau de l’annonceur m’a bien scotchée

    Je suis aveuglée niée mais j’entends tout

     

    Lime ciseau hache

    A tâtons mes doigts se referment

    S’approchent de mon regard absent

    Et arrachent coupent tranchent le voile

     

    Lumière cri horreur

    Le monde à mes pieds se convulse

    Se tord meurt se révulse

    Ils ont tout détruit je n’ai rien vu

     

    Au secours je suis là aidez-moi 

    Je me noie suffoque meurs

    Où est ta main ton cœur mon âme

    Je suis perdue sur une route sans passage

     

    Non  non  non !

    Je sens la pelleteuse se refermer sur moi

    M’arracher des entrailles de la Terre

    Exhumant mes racines oubliées

     

    Faiblesse repli issue

    Je sens ma chitine se durcir

    Mon regard s’aguerrir

    L’horizon s’éclaircir.

     

    Tap tap tap...

    Le bruit sentinelle a cessé

    D’un sursaut rageur enfin je fends ma carapace

    Je surgis, libérée, et rejoins les insoumis.

     

    Photo: le gardien de la Forêt, Efelo Dream factory


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    Opération phœnix

      


    Qui peut deviner les ardentes braises blotties sous la cendre des jours ordinaires?

    Quel intrépide  baroudeur percevra leur tiédeur sous l’indéfectible écorce de glace ?

    Quel fou, dans l’élan de sa lubie prédatrice, aura la folle audace de les raviver ?


    Alors que, strate après strate, elles se sont forgé un doux cocon d’amnésie

    Déjà se faufilent vers elles les mains avides de les sentir à nouveau frémir,

    Tressaillir, se cambrer, fuir, s’accoler, s’affronter, se séparer sans doute encore.


    Le feu courroucé gronde sous sa gangue et lance un vibrant éclair de colère,

    Vif argent qui transperce les airs et tend jusqu’à rompre la corde vibrante

    Ruisselante et sinueuse du désir assassin, ce vil traître à peine endormi

    Qui soudain jaillit et explose en myriades d’étoiles à la face du sournois éveilleur.


    Et quand les flammes de l’Enfer auront enfin consumé les vestiges du Paradis,

    Qui viendra les rendormir en leur assénant les outrages du jet brutal de la réalité,

    Les séquestrant à nouveau sous la patine d’un oubli socialement correct ?

    Qui apaisera les soubresauts tourmentés de l’âme en furie, l’honneur en berne ?


    Qui me ramènera entre mes draps glacés quand tu m’auras quittée une fois de plus?

    Qui me saisira le cœur pour délicatement le réchauffer de sa maladroite tendresse ?

    Comment réussirai-je à faire survivre ce petit phœnix qui en moi, avec douleur

    Dans sa coquille se rendormira à grand peine d’un sommeil incertain et soucieux ?


    Et de cet autre moi-même t’appelant sans cesse encore... qui me protègera ?


    Photo: Rêves salés, Efelo Dream Factory

     


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    Le soleil glisse un doigt dans l'échancrure de la terre endormie. L'aube timide la tire peu à peu des limbes ouatées où elle a trouvé refuge. Elle étire bientôt ses strates, tremble du profond désir d'ouvrir ses pores à la lumière bienvenue. Comme elle se tortille! Cela fait si longtemps que les rayons la boudent, l'éternité de toute une nuit glacée... L'astre darde maintenant son halo brûlant vers les rochers alentours, embrasant d'un feu insoumis les perles de silice déposées par le temps au hasard des caprices du vent.

    Le désert étend ses bras dans toutes les directions, offrant sa fatale accolade aux rares êtres vivants des environs. Seul refuge dans l'immensité désolée, l'arbre veille et accueille sous sa palme les malheureux que la folie a égarés. Ils s'étendent à ses pieds et goûtent avec délice la caresse soyeuse de son ombre géante. Le chaos de leurs coeurs affolés s'apaise enfin et ils se coulent sans hâte dans la sournoise douceur d'un repos bien mérité. Si loin est le chemin du puits auquel est suspendu le fil de leur vie... 

    Leur courage s'enfuit au rythme de leurs soupirs, dont le dernier vient d'être lâché en pâture aux vautours. C'est l'hallali! Plumes et griffes voltigent en un sombre ballet qui s'abat sans vergogne sur l'offrande du jour. Bientôt apparaîtront les premiers squelettes, ultimes vestiges blanchis par la morsure de l'astre impitoyable qui tranquillement, terminera sa course victorieuse en plongeant ses rais dans les entrailles céruléennes de l'horizon. Les rescapés choisiront alors ce moment pour s'éclipser en tapinois et rejoindre en silence leurs tanières négligées...


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